Maison N. à Martel

Assurément une des réalisations les plus chères à mon coeur.

D'abord parce que le maître d'ouvrage était un ami de longue date - et qu'il l'est resté!...

Ca l'a pris d'un coup - après quelques déboires  tant personnels que matériels, il avait besoin de réagir, de se lancer dans une nouvelle aventure. Il m'envoie un mot en me disant :"j'ai trouvé un terrain, fais moi une maison écolo, sympa, etc."

Je me mets au travail et puis, peu de temps après, il m'envoie une carte postale : "reprends tout, il faut agrandir, j'ai trouvé ma chérie pour la vie, elle a une gamine, la vie est belle." (en substance)

  

A l'époque, j'étais encore le gérant de la S.a.r.l. Archévie - une société que R. Laurent (architecte), C. Olive (thermicien), R. Buronfosse (Agronome) et F. Heuyer (Agent Immobilier) avaient créé pour développer et commercialiser un concept tout à fait original. La mise en oeuvre d'un système isolant conçu d'après l'exploitation de la courbe de transmission de l'énergie dans une paroi, en prenant comme référence le comportement des maisons traditionnelles, faciles à maintenir en température l'hiver, fraîches en été.

De cette analyse, C. Olive avait conclu que le matériaux qui permettait d'atteindre ces performances était... le panneau de Fibralith de 100mm, utilisé en double couche. R. Laurent, avait été mis à contribution pour concevoir le(s) système(s) constructif(s) qui permettrai(en)t de mettre en oeuvre ce matériaux.

L'époque était à la maison à ossature bois (M.O.B) et les mises en oeuvre les plus courantes étaient de type "canadien". C'est à dire avec un voile de contreventement intérieur ou extérieur. Cette technique était quand même assez coûteuse, c'est pourquoi, Renaud en vint à concevoir un type plus proche des traditions constructives locales, le système poteau-poutre.

C'est ce système qui a été mis en oeuvre dans cette réalisation. C'est à dire que toute l'enveloppe de cette maison a été conçue en charpente bois. Avec des poteaux aux angles et en encadrement des baies. Des poutres en pièce d'appui au sol, en sablière périphérique d'étage et pour la toiture, des chevrons-fermes traditionnels. Le tout en sections les plus proches de l'optimum.

Ensuite, le remplissage de ces parois a été réalisé - par le maître d'ouvrage, sa compagne, et une bande de farfelus en tout genre... - avec ce matériau qu'est la plaque de Fibralith. Une épaisseur est disposée dans le plan de la structure, croisée avec une autre épaisseur, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de la charpente. La plaque fait 2,00 x 0,50m, pour un poids d'environ 45kg. Elle se découpe avec une grande scie égoïne, très facilement. On les empile sur chant avec un petit lit de mortier et on les cloue à la structure avec de grands clous munis d'une rondelle. C'est un jeu d'enfant - on s'est d'ailleurs bien amusés, le temps de trois week-end.

A l'extérieur, ce matériaux peut être enduit d'un mortier traditionnel à la chaux, moyennant le respect de quelques précautions : gobeti d'accrochage, marouflage d'une trame tressée dans le corps d'enduit et enfin, une couche de finition colorée, grattée ou talochée. A l'intérieur, on peut venir tout simplement coller une plaque de plâtre, au moyen de plots de mortier-plâtre. Mais on peut aussi y disposer un bardage bois. Soit à l'extérieur, et alors il faudra interposer un film microperforé, soit à l'intérieur sans rien de plus que les tasseaux nécessaires au clouage du bardage. C'est le choix qu'a fait Dominique - très mal fait, parce qu'il n'est pas très bricoleur mais, après tout, puisque c'est chez lui...

On en a également disposé en façade, pour l'égayer, en alternance avec des parties crépies.

Un autre point intéressant concerne la conception bio-climatique de cette maison. Elle est orientée Nord-Sud - et aussi par la vue extraordinaire dont il bénéficie sur ce Causse dominant toute la vallée de la Dordogne. Ce qui nous a conduit à disposer au Nord-Est la chaufferie, à l'Est deux chambres et une salle d'eau.

Par contre en façade Ouest, tout le long de la maison, on a disposé une coursive qui est couverte d'un avant-toit. Celui-ci est disposé de telle sorte qu'en été, il abrite de son ombre cette façade et les ouvertures qui permettent d'accéder à la Cuisine et au Séjour, et qu'en hiver, le soleil puisse y pénétrer largement pour les éclairer et les réchauffer de ses apports calorifiques.

Un mot encore pour dire qu'à l'époque, la technologie des panneaux solaires était tellement peu développée et si coûteuse que nous n'avons pas pu l'employer. Depuis, il s'est fait installer des panneaux solaires sur la coursive qui non seulement lui procurent l'eau chaude sanitaire mais aussi concourt au réchauffement du circuit de chauffage par le sol.