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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 10:53

UNE VERITABLE EPREUVE


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Ce programme a fait l'objet d'un concours d'architectes, le Maître d'Ouvrage ne souhaitant pas réaliser une "boîte à chaussure" mais un bâtiment élégant, structurant l'entrée de la Ville.

Concours à trois niveaux : dossier de présentation de l'équipe, entretien avec la Maîtrise d'Ouvrage, concours sur esquisse (rémunéré).

Prenant la mesure du niveau d'exigence, j'ai fait appel à une équipe de confrères toulousains - comme d'autres architectes locaux l'ont fait aussi - Séquences (Pirovano, Heutevent, Terlaud). Nous avons franchi les deux premières étapes et, au moment de l'esquisse déjà, on m'a fait comprendre que je pouvais me contenter d'attendre de l'équipe toulousaine, le projet soumis au concours. Il en fut de même, lorsque il s'agit d'établir le contrat de Maîtrise d'Oeuvre...

Ce concours fut donc remporté en avril 2000. Le Permis de Construire déposé quasiment dans la foulée, soit en 2001. Mais la première consultation n'eut lieu qu'en... 2004! Suivie d'une seconde, car infructueuse du fait de quelques dépassements de coûts et de modifications qui nous furent demandées. Las, le chantier démarra en février 2006, pour une durée prévisionnelle d'un an.

Il s'acheva péniblement en août 2008! de guerre lasse...

 

Il faut dire que tout s'accumula pour conduire à un désastre, en tant qu'expérience humaine, même si le résultat est globalement satisfaisant aujourd'hui - quoique...

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D'abord, ce n'était pas mon projet : j'ai été tenu complètement à l'écart de sa conception et n'ai jamais réussi à "rentrer dedans". De nombreux intervenants - dont certains "s'y croyant" un peu - demandaient une coordination qui s'est réalisée à Toulouse... et dont je n'étais qu'une roue (pas la première!).

Ensuite, les techniques misent en oeuvre ne faisaient pas partie de mon expérience quotidienne, ni à l'évidence de nombreux intervenants... qui furent tout autant débordés. Dès le début, le maçon pris du retard, puis ce fut l'ingénieur "Structures" - qui s'enferra avec le Bureau de Contrôle dans une fumeuse controverse. Trois mois, puis quatre devinrent quasiment 6 mois de retard (et des travaux supplémentaires), recalés une première fois d'une manière aussi peu réaliste que le planning d'origine.

A ce moment, se déroulait la campagne des Municipales, à laquelle je pris part comme tête de liste de l'opposition... au Maître de l'Ouvrage! L'ambiance était plutôt surréaliste.

 

HALLE0007.jpg Je passe sur les détails qui firent que le résultat esthétique escompté - murs brut de béton banché intérieurs - fut complètement raté, remplacé par un enduit lisse et une peinture gris perle navrante. Heureusement compensé, par une finition en partie supérieure et en sous-toiture - en lames de bois non jointives, du meilleur effet. Ainsi que la maçonnerie extérieure (qui coûta fort cher à l'entreprise...). Par contre, le choix des carrelages muraux intérieurs, soit disant aux couleurs de la Ville, fut aussi affligeant..

Mais c'est avec l'entreprise de Plomberie-Chauffage que l'on toucha le fond... du fond! Un conflit interne se greffant sur une restructuration difficile, propre à l'entreprise, conduisit à des malfaçons en série, jusqu'à des actes de sabotage, dont le dernier fut découvert un an après la mise en service (graviers dans les chaudières !...). Une horreur, dont je fus tenu partiellement pour responsable par une Maîtrise d'Ouvrage qui ne prit jamais, pour sa part, ses responsabilités. Il faut dire qu'elle avait elle-même à faire face à ses propres rivalités internes et s'était, pensait-elle, garantie en prenant un maximum de renforts qui s'avérèrent tout autant, d'une parfaite... inconsistance.

 

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Bref, tout cela était bien au-delà des compétences de chacun des acteurs, et je reconnais là mes propres lacunes, mais curieusement, il n'y eu que moi à en faire les frais - me faisant copieusement engueuler(!) et remercier par une mention diffamatoire, lors de la cérémonie d'inauguration - par pure revanche politique - bien évidemment...

 

Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une belle réalisation, au final. Et du fait de l'inflation qu'a connu par la suite, le marché de la construction, de l'aveu même du Maître d'Ouvrage : "même pas chère"!!!

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Si l'on met à part le choix programmatique de vouloir une réalisation de prestige qui vise - aussi, et malgré ses dénégations - à doter la Ville d'une belle salle de représentation, ce qui la prive d'être entièrement adaptée à sa fonction (par l'adjonction d'une seconde salle d'entraînement...), il est indéniable qu'il y a peu d'équipements de ce type dans le Département.   

Outre la grande salle de près de 1000m2 avec ses gradins, quatre vestiaires entièrement équipés de douches et de sanitaires indépendants, de nombreux rangements pour les clubs dont un très grand pour le matériel de la salle proprement dit, un vaste foyer, une infirmerie et une conciergerie, font un ensemble tout à fait appréciable pour la pratique de nombreux sports, au niveau des normes de compétitions régionales.

Le système de chauffage très complet, mettant en oeuvre pas moins de quatre types de diffusion (plancher chauffant dans les vestiaires, rampes de brûleurs en salle, air pulsé dans le foyer et radiateurs dans les communs) et de traitement de l'air, en font malgré les vicissitudes de leur mise en oeuvre décrites plus haut, un bâtiment tout à fait performant et confortable.

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Je n'oublierais pas, quand même , de rendre hommage à la qualité du parti pris architectural voulu par Séquences (et par Marc Pirovano et David Rougié, architectes, en particuliers) qui font de ce socle de maçonneries de pierres sèches (par la grâce d'un excellent maçon embauché pour l'occasion...) dans lequel s'enchâssent des blocs de béton brut et qui se prolonge par un large préau, un effet saisissant. L'élégance de la superstructure en panneaux de bakélite (Trespa™) d'un rouge acacia, largement éclairée d'une grande baie en façade Nord pour éviter tout éblouissement, couverte d'un toit en zinc pré-patiné brun à larges débords, n'est effectivement pas de l'ordre de la "boîte à chaussures". Enfin, la disposition de biais par rapport à la voie qui le longe et qui permet la définition d'un parvis met, par son recul, le bâtiment dans une perspective intégrée à son environnement.

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Une très belle réalisation, finalement, sans plaisir au moment de la Direction de l'Exécution des Travaux (si l'on peut dire), mais après tout... il n'y que le résultat qui compte pour le citoyen, utilisateur final de l'équipement.

Preuve, s'il en était besoin, qu'il n'y a pas que du bonheur dans le métier d'architecte.

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  • : Bruno LUCAS Architecte d.p.l.g.
  • : Cet espace est destiné à présenter mes activités d'architecte, installé à Saint-Céré dans le Lot depuis 1984. Vous y trouverez quelques unes de mes réalisations illustrées de photos et de commentaires sur la commande et mon parti-pris architectural.
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